lundi 30 juillet 2007

Fofana ou la conjonction de l'assisté et du barbare

L'affaire Halimi n'est pas qu'un simple fait divers mais le révélateur selon moi d'un processus de "décivilisation". Même si le terme est assez fort, je l'assume entièrement. Selon moi, il résulte et se renforce par la conjonction de différents éléments.
Regardons tout d'abord la bande de "copains" qui s'est prêtée à ces atrocités: Youssouf Fofana (le chef du "gang des barbares") , Samir Aït Abdelmalek, Yahia Touré Kaba, Giri Oussivo N'Gazi...Au regard de ces simples noms, apparaît de manière sous-jacente et indiscutable des problèmes d'intégration.Encore ne faut-il pas tomber dans le cliché gauchiste de l'innocence originelle de l'homme qui répond par la violence à une autre violence provenant de la société, des injustices sociales, de l'exclusion...Bref, il ne faut pas tomber dans un procesus de déculpabilisation qui aboutirait à venir justifier la pire des barbaries.
En effet, il y a la conjonction de différents éléments et les problèmes d'intégration n'en sont qu'un parmi tant d'autres.
Le règne absolu de l'immédiateté, de l'argent, de la consommation constitue selon moi un élément structurel primordial qui touche de façon paroxystique les banlieues.En effet, ceux-ci seront d'autant plus insatisfaits(malgré le système d'assistanat qui leur permet de vivre très convenablement...) et auront la haine du système, qu'ils seront imprégnés des valeurs de ce système.Les frustrations seront donc importantes et devront trouver un exutoire(cf la jacquerie dans les banlieues improprement appeler "révolte", ce n'est pas la révolte contre un système mais au contraire la volonté de faire partie de ce système dont l'élément intégratuer n'est plus le travail mais la consommation).
Ce dernier élément se prolonge avec la haine de toute médiation et donc la haine de l'école et de la culture en général.
L'origine de ces français est importante pour expliquer l'antisémitisme qui ressurgit principalement dans les banlieues.Ceci s'explique en partie par l'exportation du conflit israëlo-palestinien en France mais aussi par un ancestral préjugé antisémite, l'identification du juif à l'argent (« les Juifs étaient les rois car ils bouffaient l'argent de l'État et il était noir, il était considéré comme un esclave par l'État » Fofana. ).
Enfin, il faut souligner la gêne du MRAP et de l'extrême-gauche devant cette affaire.En effet, comme le souligne Adrien Barrot, il est plus difficile pour ceux-ci de dénoncer un antisémitisme venant des "dominés", qu'un antisémitisme "caucasien".
Plus généralement, ce crime atroce nous montre une "brutalisation" de la société française qui est malheureusement vouée à prospérer.
Enfin, selon Adrien Barrot,"Ce n'est pas un crime antisémite que nous avons sous les yeux, c'est le nazisme à l'état protozoaire, c'est l'égout dont le nazisme est sorti."
Celui-ci, de manière très pertinente, rapproche l'affaire Halimi à l'affaire Redeker par le fait du même délaissement des victimes.
Réveillons-nous!

3 commentaires:

Le taureau par les cornes a dit…

Chronique facile d'un non-évènement, l'affaire Halimi n'est jamais qu'une occasion supplémentaire de stigmatiser une catégorie de la population.
Plusieurs approximations m'ont frappé : quel lien entre ce crime et les émeutes de banlieue ? quel rapport entre le conflit israëlo-palestinien et l'antisémitisme de Français d'origines diverses (si j'en juge par leurs noms) ?
Parler de cet évènement comme un "révélateur", c'est lui reconnaître une certaine représentativité. Mais de qui ou de quoi ? Et pourquoi aller chercher au fond de cette misère humaine les symptômes d'un individualisme et d'un consumérisme omniprésents qui s'illustrent pourtant chaque jour dans toutes les couches de la société.

Je ne souscris pas non plus à ton analyse d'une "brutalisation" de la société française. L'affaire Halimi n'est qu'un des nombreux faits divers glauques qui remplissent les pages "Société" de nos journaux depuis des années et qui a pour seule spécificité de mettre en scène des personnes issues de l'immigration. La tendance que tu sembles vouloir mettre en évidence est démentie par la baisse continue, sur le long terme, de la criminalité (contredite il est vrai, par une augmentation des violences aux personnes ces dernières années). La violence et la haine ordinaire n'ont jamais disparues de notre société et l'affaire Halimi, malgré son horreur ne me semble pas significative.

En incise, je voudrais préciser que, sans avoir lu ce qu'avait pu produire Adrien Barrot sur le sujet, le "délaissement" des victimes me laisse assez sceptique à une époque où la victimisation est un travers s'étant lourdement développé. S'agirait il ici d'un simple retour à l'équilibre ?

Raphaël Tisserand a dit…

Je ne crois pas que ce soit un non-événement. Je crois au contraire que tu vis au "pays de CANDY"...
Le nombre de juifs partis de France depuis le début de l'année a augmenté de manière considérable. La seule raison à cela, c'est que l'antisémitisme a considérablement augmenté et cela principalement dans les banlieues, non pas chez les petits blancs mais chez les français d'origine africaine.
Il y a une concurrence mémorielle et la recherche par différentes minorités du même pseudo-statut des juifs, à savoir celui de victime, sauf qu'il ne s'agit pas de la shoah mais de l'esclavage, la colonisation...D'ailleurs le vocabulaire utilisé par la loi Taubira est caractéristique, les rapprochements avec l'holocauste sont totalement nauséabondes.
Je ne fais aucun lien avec les émeutes dans les banlieues, il s'agissait d'une simple diatribe.
Il me paraît évident que le conflit israëlo-palestinien s'est exporté dans les banlieues et cela de façon très récente. Je pensais que tu lisais la presse, les enseignants ne peuvent plus parler de l'histoire du peuple hébreux, les enseignants d'origine juive sont menacés, molestés, va voir des vidéos sur you tube ou daily motion regarde différentes vidéos sur des intellectuels juifs comme Finkielkraut et regarde les commentaires antisémites pullulant sous la vidéo (regarde les pseudo à consonnance arabe ensuite...).
Je pense que tu dois être atteint de cécité.
Je confirme donc mon point de vue qui risque de s'imposer par la force à tes propres yeux: l'antisémitisme (et le racisme anti-blanc) pullulent dans les banlieues.
Tu as raison sur ce point: l'individualisme et le consumérisme touchent toutes les couches de la société. Néanmoins les banlieues sont plus touchées car ce système développe une contradiction insoluble ne pouvant aboutir qu'à la violence: d'un côté le système crée des besoins , des désirs de consommation infinis, de l'autre, et ce malgré le système d'Etat-providence, le système ne donne pas les moyens d'y répondre.
Tu me répondra que cette contradiction touche toute "la France d'en bas", oui c'est vrai mais là aussi de manière encore plus forte les français d'origine étrangère. Ecoute les dialogues de Booba ou Fifty cent et les valeurs qu'ils véhiculent ou qu'ils représentent....Deux éléments viennent renforcer ce consumérisme: la discrimination dont ils font l'objet et la perte de repères dont il sont victimes avec l'absence d'autorité et de transmission de valeurs. Ceci explique le mouvement vers deux extrêmes de ces personnes: le nihilisme consumériste d'un côté et le développement de l'Islam.
Je voudrais te poser une question: penses-tu réellement que la violence des "blousons noirs" de l'après-guerre est la même que la violence issue des "racailles"?
Je ne vivais pas à l'époque des blousons noirs mais j'ai dans mon vécu pu assister à des scènes de violence effrayante et voir par exemple une grand-mère de 80ans se faire agresser dans une bibliothèque simplement parce qu'elle demandait du silence et ceci de manière très courtoise à un sauvageon, celle-ci à sa plus grande surprise s'est fait traitée de salope raciste et entourée par ce que l'on peut appeler dans le sens plein du terme des primitifs.
La façon dont sont traitées les femmes dans les banlieues est ignoble et c'est d'ailleurs assez frappant d'y voir s'y développer des valeurs machistes totalement opposées aux valeurs de notre société.
Je pense sérieusement qu'il y a des raisons culturelles à ces différents problèmes des banlieues et je ne ramène pas tout aux injustices sociales qui sont pourtant réelles mais qu'il ne faut pas amplifier au risque de déformer les problèmes.
Autre anecdote très révélatrice, il me semble, de notre société: mon grand père a oublié de payer sa facture EDF, il m'appelle essoufflé, il avait peur d'être poursuivi...A l'inverse, la racaille ayant tabassé l'enseignante au cours d'un happy slapping, lors de son arrivée au tribunal (en survêtement...) s'est posé devant un policier et l'a regardé droit des les yeux, manière de dire baisse les yeux ou je t'éclate...
La civilisation doit s'imposer face à la barbarie au risque de péricliter.

Raphaël Tisserand a dit…

Pour revenir sur ta dernière question, le délaissement dont est victime Redeker par exemple, n'est pas comme tu le suppose un retour à l'équilibre, mais au contraire une amplification considérable du phénomène de la victimisation.En effet, ce délaissement d'une victime est justifié par le risque d'implication d'autres "pseudo-victimes".Pour le dire autrement, l'affaire Redeker a été presque passée sous silence, au regard de l'enjeu qui est je le rappelle la liberté d'expression, de part la peur de stigmatiser les musulmans ou l'Islam considéré comme la religion des opprimés...
Le phénomène est identique s'agissant du raquette de jeunes pendant les manifestations du CPE, l'absence de réaction face à ces racailles est justifiée par leur couleur de peau; des jeunes du FN aurait fait cela, il y aurait eu de nombreuses réactions...
Rappelons nous la phrase de Rosa Luxembourg:
"La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement."